jeudi 10 décembre 2009

Tempête

Je dois vous avouer quelque chose.

J'adore l'hiver. J'adore la neige. J'adore les tempêtes.

Je suis heureux.

Je ne comprends pas ceux qui paniquent et qui se terrent chez eux, ceux qui s'affolent et qui clament haut et fort combien c'est dangereux, ceux qui conduisent entre deux voies ou à 5 km/h, ce qui n'est guère mieux!

Comme s'ils n'avaient jamais connu l'hiver. Comme s'ils ne vivaient pas au Québec.

20 à 30 centimètre. Au Québec? Rien d'exceptionnel. C'est juste assez pour s'amuser et en profiter un peu!

À les écouter, la neige est le pire des fléaux. Bien en haut de la liste, elle côtoie les tsunamis, les tornades, les tremblements de terre, les irruptions volcaniques et autres désastres environnementaux.

Pourtant, nous sommes tellement chanceux. La neige, c'est si beau!

Le déneigement peut si facilement se transformer en jeu. Sans parler des plaisirs de la construction de forts aux batailles de balles de neige, en passant par les glissades, les anges, les bonhommes de neige ou le promenades romantiques en amoureux.

Dans notre société qui s'empresse, qui s'appesantit et qui stresse, la neige nous impose de ralentir, de bouger et de vivre mieux.

Aux éternels chialeux, je dirais d'arrêter de tout prendre au sérieux, de s'habiller comme il faut et de sortir un peu!

***

Au fond, ça fait bien mon affaire. Qu'ils restent chez eux!

Je m'en vais jouer dehors! C'est bien mieux!

jeudi 22 octobre 2009

Coup de fil

La dame des ressources humaines m’a téléphoné.

Elle m’a annoncé que ma candidature n’avait pas été retenue, mais que j’étais un candidat très intéressant. En fait, ce qui a été déterminant dans le choix de leur candidate, c’est le fait qu’elle avait déjà une expérience d’enseignement au collégial. Une « valeur sûre » pour terminer la session.

Elle m’a assuré qu’elle conservait mon CV et qu’elle m’appellerait s’il y avait d’autres ouvertures de postes.

Je l’ai remerciée d’avoir pris le temps de m’appeler.

Le coup de fil m’a fait du bien. Évidemment, ça ne répond pas à mon questionnement à savoir où et quand je trouverai un emploi, mais ça me rassure sur l’idée que je ne me suis pas totalement trompé.

Reste à savoir qui voudra bien me donner ma chance.

6e étage

Un asile de paix au sommet d’une cage d’escalier, vide
Passage oublié, comme en marge de la société
Point de vue unique sur la ville, en bas

Ça fait étrange de revenir
Bien des rêves et bien des projets ont pris naissance ici
Plusieurs se sont réalisés
D’autres sont encore à venir

Et voilà que je me retrouve assis
Au même endroit
À rêver encore

mercredi 21 octobre 2009

Processus de sélection

J’ai passé une seconde entrevue. Hier.

Contrairement à la première fois, j’ai vraiment eu beaucoup de plaisir à me présenter, à répondre aux questions et à effectuer une courte prestation. Je crois que tout s’est bien déroulé.

Depuis, pas de nouvelles. Mauvais présage.

Chaque minute qui passe emporte avec elle mes chances d’être sélectionné. L’attente est longue, mais c’est le silence qui trouble mes pensées. Proie facile pour le doute, jamais très éloigné.

Que penser?

Qualifications insuffisantes, erreur grave, pas ce qui est recherché?

Sans rétroaction, difficile de s’améliorer...

Pourtant, un espoir. La vie a parfois des manières bien étranges de nous diriger vers ce qu’il y a de mieux.

vendredi 11 septembre 2009

Entendu dans une salle de classe

Demoiselle débute un baccalauréat en Éducation Préscolaire et Primaire.

On comprend que les choses ne tournent pas rond en éducation quand :

- La directrice du programme déclare : « La Réforme? Ça n’a pas fonctionné en Suisse, mais c’est parce qu’ils ne l’appliquaient pas comme il faut. »
(C’est évident! Non?)

- La même personne prend la peine de mentionner qu’utiliser un travail dans deux cours différents constitue un acte de plagiat.
(C’est moi ou une formation qui permet de réutiliser un travail dans deux cours différents, à des sessions différentes, n’est pas très étoffée?)

- Une professeure conseille l’achat du Petit Robert pour enseigner à des élèves du primaire. (Bon, donnons-lui une chance, c’était une linguiste…)

- Le ministère de l’Éducation tente de faire marche-arrière sans perdre la face.
(Trop peu, trop tard…)

- Des élèves ont 92% en mathématiques, mais D à la compétence X. Ils sont capables de réaliser leur tâche sans avoir recours aux compétences ciblées. Résultat : Peu de savoirs maîtrisés, mais bien des aptitudes motrices développées!
(Pédagogie par projets : 0 / Élèves débrouillards : 1. Bravo.)

Heureusement qu’il y a la formation pratique!

jeudi 10 septembre 2009

Entrevue

Je me demande encore ce qui s’est passé. Je me suis moi-même disqualifié. Saboté.

Il y a bien ma maîtrise incomplète qui les a écorchés.

Ensuite, une leçon sur le classicisme? Rien de très compliqué!

Mais que voulez-vous que je fasse de directeurs et de profs qui tentent d’agir comme des étudiants. C’est d’un lamentable raté.

Cela dit, je n’ai jamais été si désorganisé, incohérent et peu structuré. J’ai cherché mes mots, tourné en rond et pas mal patiné.

Je ne me serais probablement pas engagé.

***

Premier constat :

Je ne suis pas un littéraire. Ce qui m’intéresse, c’est la vie.

La littérature, c’est l’excuse qu’on modèle et qu’on adapte à la réalité. Les œuvres, on les choisit sur le moment, pour mieux comprendre la société.

Quels auteurs je traiterais à quelle époque? Il n’y a qu’au romantisme que j’ai capitulé, préférant m’abstenir plutôt que de me ridiculiser. J’ai tout de même eu droit au sourire compréhensif de l’un des membres du comité.

Au fond, c’est la lecture qui m’intéresse. Comment lire, argumenter et organiser ses pensées; c’est ce que j’aime enseigner.

***

Deuxième constat :

La correction de texte m’a découragé… C’est, à peu de choses près, le secondaire que j’ai quitté. Je crois même que je faisais dans ma classe des trucs plus poussés l’an passé.

***

Troisième constat :

J’ai besoin de terminer ma maîtrise, de passer à autre chose.

Je ne vois pas comment j’y serais arrivé en jonglant avec trois planifications de cours différentes (102-103-mise à niveau), pour un salaire… Ouais, il vaut mieux ne pas en parler!

***

Constat final :

Déçu et soulagé.

Le cégep m’intéresse encore, mais avec ma liberté. Les savoirs littéraires appris par-cœur n'ont rien pour m'enchanter. Ils doivent d’abord et avant tout être au service de la pensée.

J’ai peut-être d’autres avenues à explorer.

Il y a quelque chose à faire en lecture…

mardi 11 août 2009

Ressources humaines?

J’ai fait ma tournée des cégeps aujourd’hui.
Je ne me suis que rarement autant senti comme un numéro.

Pour certains cégeps, publics, c’était trop tôt. Après tout, la rentrée des élèves n’est que dans deux semaines!

Pour d’autres, privés, c’était trop tard. Tout se fait au mois de mai.

Certains m’ont dit qu’ils préféraient engager des professeurs de littérature. Mon expérience au secondaire et mon bagage de didacticien ne faisant de moi qu’un choix de dernier recours. Pourtant, ils ont tous des départements de français.

Partout, le même manque de considération.

-Vous vous êtes déplacé? Chez nous, tout se fait par internet.
-Nous utilisons un processus de lecture de cvs. Ce n’est pas la peine de vous présenter.
-Il faut appliquer sur un poste. On ne fouille jamais vraiment dans la banque de candidatures.

Quelle étrange idée j’ai bien pu avoir de vouloir me présenter? Après tout, mon cv dit tout de ma personnalité, de mon énergie et de la facilité que j’ai à créer des contacts significatifs avec les gens. Rien de très important pour enseigner.

Il s’agit d’un fait tellement négligeable que même les directeurs ne se donnent plus la peine de vous rencontrer. La majorité d’entre eux dictent sans la moindre gêne leurs instructions à savoir comment disposer de vous à travers leur porte entrebaillée, ne prenant même pas la peine de se lever de leur chaise pour vous voir la binette et vous remercier d’être passé. Cela, quand ils ne vous tournent pas carrément le dos, vous jetant à peine un regard désintéressé par-dessus leur épaule, au lieu de vous adresser la parole.

-Désolé de vous déranger. J’avais envie de travailler chez vous.

Oh, il y a bien quelques exceptions… quelques sourires… si peu.
Trop rares sont les bonnes administrations.

Je m’ennuie de la classe et des poignées de main franches.

mardi 7 juillet 2009

Prévisions

Demoiselle file à l’orage. Comme la météo. Du soleil éclatant au plus noir des nuages en l’espace de quelques instants. Un sourire intermittent. Ce n’est pas de moi, ce sont ses mots.

J’ai trouvé ça joli.

Comme elle.

Point de chute

Ce n’est pas la vitesse qui tue, c’est l’arrêt soudain du mouvement.

Un pied à terre dans le changement, exit le déménagement. Un pas en avant.

L’autre pied dans les airs, bringuebalant, incertain de la direction à prendre et si calme, pourtant. Je vibre au rythme du vent.

Tout et rien en avant. Étrange sentiment. Je suis le Roi du Monde et personne en même temps.

Ce n’est pas la première fois, vous me direz. Sans doute. À la différence que je ne l’appréciais peut-être pas autant.

Je savoure le temps qui passe.

Ce temps élastique, si rapide et si lent.

mercredi 10 juin 2009

Apesanteur

Le corps en chute libre s'habitue au mouvement. Le temps s'arrête, comme en suspens. Toute l'éternité dans un instant.

Et si je m'étais lancé au mauvais moment? Une fraction de seconde entre l'atteinte d'un rêve ou l'anéantissement.

La somme des mes décisions me revient rapidement, retraçant mes pas jusqu'à l'événement. Je me lance. Prendre l'automne off, trouver le financement, le passage au cégep, envoi de cvs, déménagement...

S'il n'y a pas de place au cégep?
Si on manque d'argent?
Si on n'arrive pas à louer l'appartement?

L'adrénaline de la chute me ramène au présent.

Tant de choses à découvrir dans le changement, des possibilités qu'on n'imaginait pas auparavant. Le chaos est toujours intéressant.

Chaque chose en son temps. Le plan original était de prendre l'automne off, pour terminer la maîtrise et me remettre complètement.

Soit.

Il suffit d'en profiter pleinement.

lundi 8 juin 2009

Accélération

Les pieds au bord du gouffre, j’attends.

Plonger? Derrière, une vie tranquille, rangée, un salaire stable, un emploi connu, routinier. Il ne reste plus qu’à s’endormir en regardant le temps passer. Devant, la chute vertigineuse dans l’inconnu et la nouveauté. Un retour à la grande ville, à la maîtrise, un voyage vers le cégep, peut-être même le doctorat et l’université, qui sait?

L’énergie est dans le mouvement. Tu connais la réponse.

Plongeon dans l’abîme. Un sourire se dessine. C’est parti.

***

L’accélération est toujours surprenante, peu naturelle. Pourtant, il n’y a de vrai que le changement.

Arrachés à l’immobilité, corps et esprit se cambrent, se cramponnent, refusent d’épouser le mouvement puissant qui les précipite en avant. Dès qu’on lâche prise, l’effet est saisissant. Les possibilités infinies dans l’espace et le temps ont quelque chose d’étourdissant. Grisé par la vitesse, on s’abandonne finalement.

Les jours passent comme des secondes, des rêves naissent et s’évanouissent tout aussi rapidement.

Tant de possibilités... Je suis vivant.

lundi 11 mai 2009

6 mai 2009

La pluie a quelque chose d’apaisant, ce matin. Moment de calme dans la tempête. J’ai l’impression de prendre un grand respir pour la première fois, depuis longtemps. Seul dans la cuisine, j’écoute le clapotis de l’eau qui tombe doucement dehors et le chant des oiseaux qui l’accompagne. Rien ne presse.

Tu me manques.

Pas évident, vivre deux fins de session en même temps. Je nous sens loin et fatigués. J’ai hâte de te retrouver souriante et légère, comme avant. C’est peut-être pour ça, au fond, que j’aime moins le printemps. Une saison de contraintes et de correction intense où il faut en donner plus alors qu’on est au bord de l’épuisement. On ne la voit pas vraiment.

À la veille de l'examen du ministère, les cartes sont jouées. Pourtant, la tension tarde à délaisser mon corps. L’état de veille, imposé lors de la correction, me semble permanent. L’esprit vagabonde, mais n’arrête pas.

Rendez-vous avec le doc. Confirmation du diagnostic : repos cet été.

Les réponses viennent d’elles-mêmes, tranquillement. Cependant, je m’acharne encore à savoir quelle forme cette saison prendra.

Je rêve de moments de confort et de petits bonheurs bien présents. Je n’ai pas tant besoin de nouveauté. J’ai simplement envie d’en profiter pleinement. J’imagine déjà les pistes de Burke, les voies de Kamouraska, l'air salin du fleuve, la petite boulangerie, les lacs infinis et les rivières impétueuses du parc de La Vérendrye.

Tant de choses à partager avec toi.

J'ai hâte.

samedi 18 avril 2009

Old habits die hard

Bonne nouvelle! L’université est prête à suspendre ma session d’été, sans frais! Je pourrai enfin me permettre de me reposer jusqu’en septembre, sans remords.

Génial.

Le hic, c’est que je sais très bien que sans cette « permission » extérieure, je me serais encore lancé tête baissée dans le travail. Oh! J’aurais bien pris une semaine ou deux pour me reposer! Sans plus.

Pourquoi suis-je si bon pour conseiller les autres, mais que dès qu’il est question d’en faire un peu moins, de prendre du temps réel pour moi, on dirait que j’ai besoin d’approbation?

Je ne crois pas avoir à ce point besoin de reconnaissance ou de valorisation. C’est avec moi-même que je suis en compétition et que je fais mes comparaisons. Dans ce cas, peut-être que mes critères mériteraient une petite révision?

De deux choses l’une.

D’abord, je me sens responsable.

Ces héros et ces chevaliers de mon enfance n’ont pas marqué que mon imagination. Leurs idéaux, leurs codes d’honneur et leurs principes moteurs, doublés de mon éducation, ont fait de moi une personne qui donne le meilleur de soi-même, peu importe la situation. Ignorer le besoin, les proches, le travail à faire ou la misère ne fait pas partie de l’équation.

Malheureusement, on s’oublie parfois à travers ces obligations.

Pourtant, la question ne se pose pas. Je prends un réel plaisir à montrer, à aider, à bâtir, à conseiller et à voir l’autre progresser. Cependant, si on ne pense pas à soi, des obligations, il y en a toujours de nouvelles et le temps continue à avancer.

J’ai peut-être simplement omis une leçon. Celle qui dit que la première obligation morale est d’abord et avant tout envers son développement personnel, sa progression, sa propre évolution. Un héros épuisé ou mort, ça n’aide plus personne. J’ai un équilibre à trouver.

Ensuite, je suis peut-être sévère par rapport à ce que je peux mériter.

J’ai toujours souhaité marcher hors des sentiers battus. Pourtant, dans l’ensemble, je me suis démarqué en faisant de mon mieux à l’intérieur du système établi, en travaillant fort pour donner le meilleur de moi-même. J’ai bien réalisé quelques trucs qui sortent de l’ordinaire. Toutefois, ces projets à moi, je les gardais pour plus tard, pour après, pour l’entre deux ou les temps libres, en dehors des obligations. Une double vie.

On dirait qu’à mes yeux, pour mériter autre chose, j’avais besoin de faire mes preuves dans le vrai monde, comme si le mien, celui de mes projets et de mes rêves, n’avait pas autant de valeur, faute de repères et de balises communes pour le justifier.

Alors que tout conspire, cette année, pour me donner la chance d’effectuer ce changement, j’ai un doute. Est-ce que je le mérite vraiment?

J’ai toujours pensé que ceux qui fonctionnent en dehors des règles habituelles de la société sont des gens exceptionnels. Je ne me considère pas comme quelqu’un d’exceptionnel. Je fais de mon mieux, c’est tout.

Ai-je le droit de me faire aider? Ai-je le droit d’arrêter? Sachant ce que la vie coûte, ayant moi-même eu à travailler dur pour gagner ce que j’ai, qui suis-je pour demander à d’autres de se priver pour permettre à mes projets de se réaliser? Qui suis-je pour mériter un traitement de faveur?

Prendre conscience de ses limites et ne pas les dépasser, être patient avec soi-même et se faire passer en premier, ce n’est effectivement pas facile.

N’empêche, j’y travaille, voyez-vous! Dormir et écrire, ce matin, malgré la correction, c’était une bonne décision.

Je vais mieux.

vendredi 3 avril 2009

Double angoisse

La fatigue m’inquiète. Je n’arrive pas à me reposer.

À l’affût de mes moindres gestes, elle me traque jusqu’au plus profond de mes pensées. Elle m’habite et me guette, resserrant peu à peu son emprise sur mon corps épuisé, semant l’angoisse dans ce cœur d’ordinaire aventurier.

Hier encore, un effort de volonté me suffisait à surmonter les obstacles les plus obstinés. Corps, cœur et esprit répondaient en harmonie au défi lancé.

Désormais, j’ai toutes les misères du monde à me lever pour aller travailler, à ignorer ce mal de tête constant qui égare mes pensées et à rassembler mon courage devant cette pile de correction pour laquelle j’arrive à peine à me concentrer. Un rien suffit à m’ébranler.

Mon corps est un champ de bataille livré au tourment de mes pensées. Obligations, fatigue, espoir, volonté et manque d’activité se livrent un combat sans merci qui le laisse ravagé de tensions opposées.

Je me sens vieillir en accéléré, puisant dans mes ultimes ressources pour terminer l’année.
Je n’arrive pas à me reposer.

L’été arrive… que puis-je en espérer? Comment réparer les dommages qui furent causés? Est-ce possible de me retrouver?

Retrouver ma force et mon équilibre est la pièce maîtresse du casse-tête qui m’est imposé. Pourtant, un autre élément ne cesse de me tracasser.

Que faire ensuite? Où me diriger?

Je n’arrive pas à imaginer de rôle qui me sied, me permettant de combiner ce que je suis et les rêves que je souhaite réaliser. Secondaire, cégep, université? Écriture, pilotage, plein air, voyager?

Je ne peux reprendre le cours de la vie là où je l’ai laissé. Rien changer ne ferait que repousser l’échéance, me condamner à revivre l’épuisement qui me tient prisonnier.

À mes yeux, les issues proposées ne sont que promesses de morts lentes auxquelles je ne peux me résigner. C’est là d’où j’arrive. Je ne souhaite y retourner.

Que faire, alors?

On me dit d’arrêter de me tracasser. De faire confiance à la vie. De laisser-aller. Qu’en temps venu, les choses vont se placer. Qu’en temps venu, les opportunités vont se présenter.

Je sais. Ma vie me l’a maintes et maintes fois démontré. Les issues souvent bien plus heureuses que ce que j’aurais pu imaginer.

Le diagnostic est simple. Vraiment.

Défaire ces chaînes restrictives, faire taire ces lignes de pensée dictant ce qui est possible et ce qui est insensé, dictant les manières de vivre dans notre société. Faire confiance, laisser-aller et oublier les tracas financiers.

Prendre un risque, y croire et foncer.

Ne jamais douter.

Ce soir, pourtant, l’angoisse et la fatigue obscurcissent mes pensées.

lundi 30 mars 2009

Mystère

La semaine dernière, Demoiselle m'a demandé un chat.

-Oh! Dis oui, amour! Ça serait tellement chouette un minou!

-Tu sais bien qu'on est toujours partis. Qu'est-ce qu'il va faire tout seul, le chat, quand on ne sera pas là?

Qu'est-ce qui nous attendait devant la porte, hier soir, en revenant de chez les beaux-parents? Un minou.

Tout blanc.

Assis tranquillement devant notre porte. Pas celle de la voisine, pas celles des étages en contrebas. Notre porte. C'est à croire qu'il nous attendait.

"Demandez et vous recevrez" qu'il disait, l'autre? En tout cas, avec les questions qui me trottent en tête ces temps-ci, c'est un clin d'oeil intéressant.

Lorsque j'ai ouvert la porte, le nouveau venu m'a jeté un coup d'oeil avant de se faufiler à l'intérieur. Cherchait-il mon consentement?

Après un bref repérage de la cuisine et un coup d'oeil au salon, il est docilement revenu s'asseoir aux pieds de Demoiselle. C'est qu'il sait charmer, l'animal! Il se colle à elle, se frotte et roule en ronronnant de plaisir à la moindre de ses caresses.

-Oh! Amour! On le garde, hein?

-Ok, pour cette nuit. On verra demain.

Le chaton, conscient de mon approbation, m'inonde de son amour. Étrangement, c'est à mes pieds qu'il passera la nuit.

Demoiselle est aux anges.

mardi 24 mars 2009

Rencontre de parents

"Non, non, monsieur. Je sais que c'est vous, que c'est vos critères qui font la différence. Ce que vous faites, c'est bien. J'ai eu un professeur comme vous, un jour, et ça a changé ma vie. Comme vous le faites avec ma fille. Merci."

C'est moi qui vous remercie.

lundi 23 mars 2009

Officiel?

On vient tout juste de recevoir un appel de l’université. Un appel de courtoisie à l’intention de Demoiselle. Après quelques minutes de conversation, quelques mots retiennent mon attention.

-Mon adresse? Heu… C’est parce que j’habite plutôt chez mon amoureux, ces temps-ci.

-Oui, oui, vous pouvez faire le changement d’adresse.

-Celle de mes parents? Vous pouvez la garder comme deuxième adresse.

-Merci.

Après avoir raccroché, Demoiselle me rejoint pour faire la vaisselle.



-Es-tu stressé, mon amour? Je déménage pour vrai! lance-t-elle, un sourire en coin.

-Heu… ça fait déjà cinq mois qu’on habite ensemble?

-C’est pas pareil là!

-Ah non?

-Ben non! Là, c’est officiel! C’est mon premier changement d’adresse! J’ai même donné ton numéro de téléphone! C’est fou, je vais pouvoir commencer à apporter ma commode, mes souliers, mon miroir, ma télé, mes livres…

Inquiet, je me rappelle cette émission de « Tout le monde en parle » où Louis-Josée Houde avait fièrement annoncé qu’il avait libéré une tablette à sa blonde chez lui. Stéphane Rousseau s’était empressé de lui répondre : « Réjouis-toi pas trop vite! Dans quelques mois c’est probablement la seule qu’il va te rester! »

-Heu… amour?

dimanche 22 mars 2009

Dichotomie

J’ai toujours admiré les gens qui trouvent leur bonheur dans la stabilité. J’ai l’impression que leur bonheur est fait de petites choses simples, qu’il est plus facile, peut-être, de le trouver.

D’aussi loin que je me souvienne, cette dichotomie m’a toujours fasciné. Une rupture évidente et profonde entre moi et ceux que je peux côtoyer. Une question, toujours la même, revient sans cesse me hanter. Comment font-ils pour s’arrêter là et s’en contenter? Je ne les juge pas. Je vois bien qu’ils sont heureux ainsi, que leur bonheur n’est pas que fausseté. Pourquoi, dans ce cas, ai-je tant besoin d’aventure? Tant besoin de me dépasser?

À la lumière des événements de l’automne, la question revient me hanter. J’ai bien essayé d’être sage, de me fondre dans la masse du travailleur routinier. L’exercice m’aura laissé affaibli et découragé. J’ai essayé d’en faire trop, de jumeler la vie normale avec ce besoin de me dépasser… de vivre deux vies à temps plein, en parallèle, sans compromis d’aucun côté, sans déroger. C’est le corps qui a lâché, secondé par un esprit épuisé.

Cette vie n’est pas celle que j’avais anticipée.

D’un côté, une vie dite normale, avec ses obligations, ses récompenses, ses plaisirs tout comme ses difficultés, celle d’un prof du secondaire qui sait se démarquer.

De l’autre, mon besoin viscéral d’apprendre, de découvrir, de repousser mes limites, de me développer, de me sentir vivant et en santé, celle d’un étudiant à la maîtrise et d’un amateur de plein air né.

Une vie pour suppléer à l’autre, dans cette société où l’argent contrôle la vie et les premières nécessités. Une vie aussi riche et intéressante que l’autre, l’aventure humaine de la classe et des études parfois aussi puissante que celle des sommets que j’ai foulés.

Tout cela, sans parler de l’amour. Toujours présent. Puissant. Partagé.

Choisir l’une ou l’autre me semble dénaturé. Pourtant, cette double vie ne peut continuer.

Autour de moi, les gens semblent choisir sans trop de difficulté. Grossière vulgarisation, il n’en reste pas moins que pour la carrière, on sacrifie la famille; pour la stimulation intellectuelle, c’est la santé; pour le sport, c’est la culture et pour la culture, c’est l’argent du loyer. Comment font-ils pour s’en contenter? Suis-je si différent de vouloir connaître, savoir, vivre et goûter?

On essaie de me convaincre de me camper au secondaire; pas besoin de continuer à évoluer. On tente de m’attirer à la maîtrise, au doctorat et d’oublier la réalité. On me fait miroiter la liberté des voyages et fuir les responsabilités.

Or, à mes yeux, tous ces choix sont complémentaires, intimement reliés. Que vaut une maîtrise en Éducation sans avoir enseigné? Que vaut l’enseignement si le prof cesse de se renouveler? Que vaut le voyage si on n’a pas les moyens d’en profiter?

Utopie irréaliste? Il est vrai que je suis épuisé.

Je ne peux tout faire. C’est compris. Réfléchi… presque accepté.

Je fus trop souvent déchiré entre ces deux modes de pensées. Se sentant isolé, on prête parfois l’oreille aux conseils bien intentionnés dans lesquels on n’arrive pas à se reconnaître ou à se retrouver. C’est que les besoins, les croyances tout comme les finalités ne sont pas partagées.

J’ai besoin de me dépasser. J’ai besoin d’apprendre, de découvrir, de repousser mes limites et d’évoluer. Est-ce trop demander? En essayant d’épouser un idéal de stabilité, je me suis épuisé.

J’aurai moi aussi des choix à faire. Ils se feront selon mes critères.

J'ai besoin de me retrouver, de sentir que mes rêves aussi sont possibles dans cette réalité.

lundi 16 mars 2009

Dure réalité

Hier soir, j'ai reçu un message de Cousin. Cousin qui termine bientôt son secondaire, qui a été passer une semaine à Cuba pendant la relâche et qui en revient tout bronzé. Un click plus tard, quelques photos.

Ouch!

C'est qu'il paraît bien, le Cousin! Grand, bronzé, juste assez musclé et parfaitement découpé. Un jeune homme brillant, doublé d'un athlète, sympathique en plus... de quoi se faire remarquer!

...

Moi aussi, j'avais l'air de ça à son âge!

(Rires)

L'avantage de la jeunesse, hein? (Il me semble que j'ai déjà entendu ça quelque part...)

Keep up the good work, Cousin! Je sais que tu travailles fort pour y arriver!

Du haut de mon quart de siècle, je n'ai pas grand-chose à lui envier. J'en ai aussi pas mal profité. D'ailleurs, Demoiselle me dit que je suis encore plus beau. Merci mon amour.

N'empêche...

Il faut vraiment que je me remette en forme.

Chronique nécrologique

Mercredi passé, l'hiver est décédé.

Une soirée bien arrosée, une étincelle et un coup de chaleur l'ont achevé. Il a succombé aux charmes de la Grande Dame, à la chaleur d'une étreinte qui l'a condamné. Un petit peu de chaleur, pour une éternité, est-ce trop demander?

Ce matin, il ne s'est pas relevé. Préférant le laisser-aller, la douce torpeur où elle l'a abandonné. Reconnaissant le cycle, mille fois répété, il se fait à l'idée; son temps est déjà passé.

Ses heures comptées, il rassemble sans doute ses forces pour une dernière bordée. Nobles efforts pour une saison tant appréciée. Trop peu, trop tard, le coup a porté. Il faudra attendre la prochaine année.

Profitant de ses dernières journées, nous avons voulu lui rendre hommage, le revisiter. Notre au-revoir prit donc la forme d'un pélerinage sur ses parois gelées. Magnifiques cathédrales de blancheur sous le soleil; les conditions furent inespérées.

Malheureusement, elles ne pourront pas durer... Une semaine, tout au plus, et ce sera terminé.

La glace disparue, crampons et piolets seront mis de côté.

Désormais, mon est coeur est à l'été.

vendredi 13 mars 2009

Premiers pas...

C'est fait.

Mes doigts hésitants, longtemps suspendus au-dessus du clavier, ont enfin osé s'y poser. Lentement, progressant avec prudence sur ce terrain bien connu devenu tout à coup étranger, ils effleurent les touches, façonnent des mots, pour exister.

Un doute. Si je n'étais pas à la hauteur? Dans quoi est-ce que je me suis encore lancé?

- Prudence? Haaa ha ha! Trois heures pour choisir un titre? Tu appelles-ça de la prudence, toi? s'esclaffe Demoiselle, elle qui assite d'un regard amusé à la naissance de ce blogue, mon casse-tête des dernières soirées.

-C'est bon. J'ai compris.

Perfectionniste, vous dites?

Je ne vois pas de quoi vous parlez.