mardi 14 juin 2011

Pour sauver de l'argent

Quand on constate qu’un étudiant fait plus de 60 ou 80 fautes dans un texte de 700 mots au terme de son premier cours de français au niveau collégial et qu’on ne peut l’envoyer en renforcement en français parce que sa moyenne du secondaire était supérieure à 75%, on nage dans le ridicule.

Pourtant, il s’agit d’une des nouvelles mesures mise en place ce printemps par le MELS dans la foulée des coupures budgétaires au niveau collégial.

Selon le texte officiel du Ministère :
 
Cette activité s’adresse à des élèves qui ont réussi Français, langue d’enseignement de la 5e secondaire et qui ont des lacunes importantes dans la maîtrise de la langue. Dans le cas des diplômés de la formation générale des jeunes du Québec, cette activité ne s’adresse qu’à ceux dont la moyenne au secondaire, établie selon les critères du Ministère, est inférieure à 75 %.

Plusieurs ont déjà dénoncé la qualité parfois douteuse ou permissive des critères du Ministère en les qualifiant de passoires. Malgré tout, il est troublant de constater qu’ils ne sont même pas appliqués avec rigueur. En effet, avec 60 fautes dans un texte de 700 mots, soit 8,6 fautes par 100 mots, les étudiants mentionnés précédemment n’auraient théoriquement même pas dû se retrouver au collégial. En effet, le seuil de réussite en langue de l’épreuve du MELS de 5e secondaire est de 7 fautes par 100 mots, seuil au-delà duquel un élève devrait échouer automatiquement. Il faut se rendre à l’évidence que ce n’est pas le cas.

Dans ces circonstances, comment peut-on s’appuyer sérieusement sur cette mesure arbitraire qu’est la moyenne de 75%? Une moyenne générale supérieure à 75% ne veut pas nécessairement dire qu’on maîtrise le français.

D’ailleurs, si ces étudiants sont assez performants aux yeux du MELS, ne seraient-ils pas les plus susceptibles de profiter au maximum d’un cours de renforcement?

Vous voulez sauver de l’argent, motiver vos élèves et créer de la richesse? Commencez par mettre en place une évaluation basée sur de vrais critères appliqués avec rigueur.

jeudi 9 juin 2011

Comprendre le coût réel

Voilà quelques mois que l’inconfort s’était emparé de moi. Sans pouvoir trop l’expliquer, je tournais en rond comme un lion en cage. Je me sentais lourd, agacé, parfois irritable. Je dormais mal. Demoiselle était inquiète de me sentir aussi préoccupé et insatisfait. Où étaient cette assurance et cette énergie qui l’avaient conquise? Était-ce le résultat du vide laissé par la fin d’une session d’automne stimulante? J’avais, après tout, réussi à entrer au cégep en plus de donner ma première charge de cours à l’université. Était-ce le sentiment de ne pouvoir améliorer mon sort, de n’être qu’un nom sur une liste d’appel? Il faut dire que j’ai toujours préféré l’action à l’attente. Était-ce la désillusion quant au milieu de l’enseignement, même universitaire? Probablement un peu de tout ça… Pourtant, tous ces éléments m’étaient déjà familiers. Qu’est-ce qui avait changé?

La réponse est fort simple : je n’avais pas osé aller jouer dehors.

J’utilise le terme « oser » parce que la plupart des gens ont une idée bien définie du coût de la vie. Il semble logique de penser que rester à la maison coûte moins cher que partir quelque part en plein air. Ne sachant pas où ni quand je décrocherais mon prochain contrat d’enseignement, il semblerait que j’aie été contaminé par cette vision. J’ai eu peur.

Pourtant, en ce qui me concerne, il n’y a rien de plus faux. Il y a déjà plusieurs années, mes amis grimpeurs et moi avions constaté qu’il nous en coûtait moins cher de partir en roadtrip d’escalade tous ensemble que de rester chacun chez soi. Notre constat n’avait cependant rien de bien scientifique et aurait pu être rejeté en arguant que le bien-être qu’on retirait à être ensemble, quoique non négligeable en termes d’avantages psychologiques, déformait notre jugement quant aux coûts réels de nos sorties.


En tentant de cerner l’origine de mon malaise, cette idée m’est revenue en tête. L’avantage, c’est que je pouvais désormais vérifier nos hypothèses d’antan en faisant un bilan rapide de l’évolution de nos activités en plein air en comparaison avec nos finances et notre degré de satisfaction par rapport à la vie. Comment? Simplement parce que j’ai pris l’habitude (qui me vaut bien quelques taquineries de la part de mes proches) de garder la trace de nos activités. Avec le temps, leurs commentaires amusés, « Toi et tes tableaux! » ou « Toi et tes listes! », se sont transformés au fur et à mesure qu’ils ont constaté que ces tableaux et ces listes nous permettent parfois de comprendre.

Pour 63 jours passés en plein air en 2009-2010, Demoiselle et moi n’en avons passé que 22 en 2010-2011. Malgré cette réserve, le total de nos dépenses de l’année a fait un bon de 5000$. Pourquoi? Simplement dit: pour que rester à la maison soit plaisant, on reçoit la famille ou les amis qu’on côtoierait normalement en plein air, on va au cinéma, on sort au restaurant, on va déguster une crème glacée. Il s’agit toutes d’activités agréables. Toutefois, elles finissent par être coûteuses… sans prodiguer les bienfaits physiques et psychologiques qui accompagnent le simple fait d’aller jouer dehors. Le coût réel de ce « sédentarisme » en est d’autant plus grand.

Étrangement, le discours social actuel ne me laisse pas l’impression de pencher en faveur du plein air ou de l’activité physique. Qui a dit qu’on pouvait tout régler par la consommation? Qui a dit que le plein air coûte cher? Personnellement, ses bienfaits dépassent largement ses coûts.

Avec l’arrivée de la session d’été, j’ai recommencé à nager. Deux fois par semaine. Je suis aussi retourné jouer dehors. Le regain d’énergie qui accompagne le retour à l’activité physique est stupéfiant.

Demoiselle est heureuse. Je me sens mieux.

Qu’attendez-vous pour aller jouer dehors?